Nuit de garde aux Urgences [libre]

Paul ne trouvait rien de plus inutile que des nuits de garde d'un radiologue aux Urgences. Ok, les Urgences ne fermaient jamais et ils avaient toujours besoin de tel ou tel examen. Mais il pouvait bien se débrouiller sans lui, non? Apparement, non. Après avoir informé les médecins sur l'endroit où se trouvait la clée qu'avait avalé un gosse de 6 ans, il se rendit dans la salle de repos attribuéé aux malheureux qui devaient faire une garde. Il retira ses baskets et se laissa lourdement tomber sur le lit, accueillant avec saveur un oreiller de plume sous sa joue. Il était fatigué. Sa prochaine garde de nuit, il la refilerait à Constance. Ce n'était plus de son âge de rester debout toute la nuit.

Alors qu'il allait s'envoler vers le pays des rêves, la porte s'ouvrit, faisant échouer la lumière du couloir sur ses yeux fermés. Il grommela et tourna la tête, refusant de se lever mais la personne qui venait d'arriver, visiblement ne voulait pas le laisser se reposer...

Lorsqu'une voix féminine perça le silence tranquille de la salle de repos, Paul se reressa légrement pour tourner la tête vers la nouvelle arrivante. Grande, blonde, d'immenses yeux bleus, des formes apétissantes pour ceux qui aimaient ce genre de filles. Ce n'était pas son cas. Enfin plus son cas. Elle lui faisait pensait à Liza. Elle trouverait plus sa place dans les studios de L.A. que la salle de repos de l'hôpital de Seattle. Il fronça les sourcils lorsqu'elle lui dit bonjour. Etait-ce déjà le jour? Il regarda sa montre. 3h15.

"Bonjour. Vous êtes nouvelle?" demanda-t-il en restant allongé.

Il ne comprenait pas pourquoi elle ne faisait pas de même à moins...

"Vous venez de prendre votre garde sans doute?"

Paul soupira profondément. Comment c'était possible de parler autant à 3h17 du matin? Elle n'était pas fatiguée? Non, elle commençait sa toute première garde. Se rendant compte qu'il ne pourrait pas se reposer avec une toute nouvelle arrivante dans la même pièce que lui, il se redressa, s'asseyant dans le lit en frottant longuement les yeux.

"Hé bien, bienvenue Maria, je suppose. Vous travaillez dans quoi?"

Il lui sourit, d'une manière plutôt endormie, et lui tendit la main pour la serrer.

"Docteur Loman, chef du service radiologie. Ca fait un bout de temps oui que je suis ici et dans le métier comme vous dites. L'hôpital vous plait?"

Le sourire de Paul se figea légèrement lorsqu'elle lui dit qu'elle était infirmière. Il était vraiment naze. Il n'avait même pas remarqué sa tenue. Il fallait dire qu'il était le genre d'homme à regarder une femme dans les yeux quand elle lui parlait et pas ailleurs. Il l'observa s'installer dans le divan et se laissa retomber lourdement en arrière dans le lit, posant le bras sur ses yeux pour les protége de la petite veilleuse à côté du sofa qu'elle avait allumé.

"Croyez moi, ça va changer. Après deux tours, voire trois gardes d'affilée, vous allez haïr cet hôpital de tout votre être."

Les yeux clos, maissachant pertinemment qu'il ne pourrait pas se rendormir à nouveau, il continua la conversation :

"Vous venez de quel hôpital? C'est votre premer emploi en tant qu'infirmière peut être?"

Sur les lèvres de Paul, se dessinèrent lentement un sourire qui ressemblait plus à un rictus de l'extérieur mais représentait véritablement un sourire chez lui.

"Vous m'en voyez rassuré alors. Parce que c'est pas pour casser de sucre mais les urgences c'est pas le meilleur service..."

Il grimaça lorsqu'elle lui indiqua qu'elle avait travaillé dans un hôpita à L.A., la ville où se trouvait sa chère et tendre épouse, enfin ex-femme depuis quelques jours. Il ne la supportait plus et étant donné qu'il n'avait jamais aimé Los Angeles, il trouvait que cette ville était en adéquation avec elle.

"Pourquoi vous avez demandé à changé?"

Elle avait vraiment sa place à L.A., pas à Seattle, ça c'était une chose de sûre.

Paul écouta les propos de la jeune infirmièr et ne put s'empêcher de ricaner légèrement lorsqu'elle déclara que son ancien chef était le pire de tous les Etats-Unis.

"C'est bizarre, dans tous les hôpitaux, tout le monde jure que le pire chef vit ici. Croyez moi. Il y a toujours pire ailleurs. J'en sais quelque chose."

Le fait qu'il lui ait fait une proposition et l'ait viré pour ça ne le choqua pas outre mesure. Par contre, il se demandait comment on pouvait s'abaisser à faire des propositions à une infirmière. L'idée ne lui avait jamais traversé l'esprit. Peut être parce qu'elles bénéficiaient d'un rang tellement inférieur au sien. Mais, il y avait un véritable turn-over des infirmières qu'il supposait qu'elles représentaient un inépuisable vivier pour les titulaires en mal de besoins charnels.

Ben pour l'instant je n'ai reçu aucune proposition cochone à plusieurs reprises dans aucuns autres hôpital ! C'est pour ça que je pense que c'est le pire chef qu'on puisse avoir ! Il a même essayer de profiter de moi dans les vestiaires... et c'est là que je l'ai repoussé et qu'il m'a viré !

Maria ne savait pas pourquoi elle venait de tout débaler au Doctor Loman, qui n'avait pas l'air très heureux de parler avec elle. Bref, Maria le regarda

Je sais pas pourquoi je vous dis ça !

Puis elle repris son magazine et continua de lire tout en étant couché sur le sofa.

Paul grimaça lorsqu'elle lui donna les détailsde son départ de L.A.

"Et vous n'avez pas porté plainte?" s'étonna-t-il.

Il poussa un profond soupir et ricaa légèrement quand elle se demanda pourquoi elle lui racontait tout ça. Il haussa les épaule, toujours allongé et les yeux clos.

"Parce qu'en parler fait parti du procesus de guérison, tout simplement."

*Et aussi parce que vous êtes infirmières et que les infirmières ça bavassent tout le temps.*

"Si ça peut vous rassurer, ça n'arrivera pas ici. Tout le monde est trop préoccupé par sa carrière que par autre chose. Enfin, je ne me permettrait pas de juger les autres mais vous n'avez aucun souci à vous faire, de ma part tout du moins."

Il garda le silence quelques instants et finit par reprendre la parole.

"Vous connaissez quelqu'un ici? Ou vous avez demandez une affectation et vous avez attéri ici par hasard?"

Paul ricana doucement lorsqu'elle déclara que porter plainte n'était pas chose facile.

"Si, si, je vous assure. Vous allez à la police et vous racontez tout. Dsolée mais étant donné que vous ne l'avez pas fait, vous n'avez pas pensé aux suivantes après vous. Il sera peut être plus violent cette fois-ci. Elles auront moins de chance que vous et ce n'est pas pour vous jeter la pierre mais ça pourrait être évité par une plainte. Que ce soit auprès de la police ou auprès du conseil médical. Je peux la faire remonter si vous voulez. C'est la meilleure solution."

Il reposa son bras sur ses yeux et poursuivit.

"Ca doit vous dépayser de là-bas. Le temps gris, les gens maussades..."

Paul ricana lorsqu'elle lui fit remarquer que comme ça ne lui était jamais arrivé, il ne savait pas de quoi il parlait et que par conséquent il devait se taire.

"Certes : mon chef ne m'a jamais plaqué contre un casier en voulant abuser de moi..."

Il n'aurait jamais osé de toute manière. Tout le monde connaissait trop son mauvais caractère pour ça. Tout le monde sauf les nouvelles infirmières,visiblement. Il poussa un profond soupir, ne souhaitant pas aller plus en avant. Ca lui apprendrait à tenter de prendre sur soi et être sympathique. Il allait redevenir celui d'avant Constance, ça leur ferait les pieds. Son bipeur résonna et il dut se rendre aux Urgences, se levant. Avant de sortir, il jeta une petite réplique acerbe comme il en avait l'habitude pour marquer le coup :

"Vous savez la différence entre une infirmière des Urgences et une Porshe?"

[HJ : t'as bien cerné le personnage. Un Romano en quelque sorte. ]

Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres juste avant qu'il ne sorte et il se tourna de 3/4 vers elle, répliquant :

"Je vous laisse méditer dessus alors."

Il la salua d'un dernier signe de tête et sortit de la salle de pseudo-repos dans laquelle il n'avait pas vraiment pu se reposer et se rendit à l'accueil pour découvrir qu'on l'avait réveillé pour pas grand chose en fin de compte. Heureusement qu'il ne dormait pas vraiment, sinon il aurait passé sa colère noire sur le réceptionniste. Il fit ce qu'il avait à faire et l'aube débutant avec ses accidents routiers dûs à des personnes mal réveillées, il ne chôma pas jusqu'à la fin de sa garde bienvenue lui permettant de rentrer chez lui et de ronfler pour de bon dans son lit.