Attend Paul...

Constance avait préparé une copieuse salade pour le dîner, avec un peu de charcuterie pour l'accompagner. Elle était passée prendre une baguette à la boulangerie française qu'elle connaissait sur le bout des doigts et elle attendit l'arrivée de Paul.

Elle avait eu le temps de tout faire, et même de prendre un bain pour se relaxer. Elle enfila une jupe blanche avec quelques fleurs imprimée sur le côté et un petit haut vert foncé.

La télé était allumée mais Constance n'y prêtait pas attention, elle était plongée dans son livre sur les angios. Sa concentration fut interrompue par la sonnette de l'interphone qui résonna dans son appartement. Elle se leva et alla répondre, sachant pertinement que c'était Paul.

"3ème étage à gauche !" dit-elle sans rien dire de plus, pressant le bouton pour lui ouvrir la porte. Elle entrebailla la porte de son appartement et vérifia son allure dans le miroir dans l'entrée. Voyant que tout était OK, elle ouvrit la porte en grand, attendant impatiemment l'arrivée de son Prince Charmant.

Paul termina sa garde une heure en retard, comme d'habitude, et eut juste e temps de filer chez lui prendre une douche, se changer et prendre des affaires de rechange avant de sauter dans sa voiture et de se rendre chez Constance. Il passa au fleuriste acheter un bouquet de tulipes roses et jaunes et retrouva l'immeuble où se trouvait le studio de Constance. Il gara sa voiture d'un magnifique céenau, prit ses affaires et alla sonner à l'interpone afin qu'elle lui ouvre. Il n'eut même pas le temps de dire qui c'était qu'elle lui ouvrait déjà. Il monta les marches une à une et termina devant sa porte. 3ème étage à gauche, donc. Il repéra la porte grande ouverte et à l'intérieur, Constance sublime comme à chaque fois. Il passa sa main sur son dos et l'embrassa tendrement.

"Bonsoir."

Il lui tendit le bouquet de tulipes.

"Pour tout à l'heure. Mais tu n'as pas choisi le chef de ervice le plus conciliant en même temps."

Il regarda autour de lui. C'était joliment décoré.

Constance était appuyée sur le chambranle de la porte, les bras croisés, quand Paul arriva des escaliers.

*Sportif ! Même pas l'ascenceur !*

Un large sourire s'étira sur ses lèvres. Elle était contente de le voir et de pouvoir profiter de lui comme elle l'entendait, et pas avoir seulement quelques moments volés à l'hôpital.

Elle sentit sa main dans son dos et une vague de bien-être s'empara d'elle. Elle tenait trop à lui et quand il était là, tout approchait de la perfection. Elle l'embrassa en retour et ferma les yeux quand leurs lèvres se touchèrent, respirant la bonne odeur masculine qui émanait de lui.

Quand il lui offrit les tulipes, elle poussa un petit cri joyeux.

"Merciiiii ! Ce sont mes fleurs préférées en plus !" elle rigola à sa remarque et y répondit.

"Je sais, j'ai toujours aimé les défis. Et puis si ça me permet de récupérer des bouquets de fleurs, je crache pas dessus !"

Constance lui envoya un clin d'oeil et le fit entrer chez elle, refermant la porte derrière lui.

"Voilà mon petit chez moi."

Son studio était spacieux, ce qui permettait à Constance de le séparer en deux : un côté salon et un côté chambre, séparés l'un de l'autre par des paravents aux couleurs des sari indiens dans les tons rouge et or. Sur les murs, des vielles affiches publicitaires françaises qui donnait un certain cachet à son appartement, et qui lui rappelaient son enfance.

Constance partit derrière le bar derrière lequel se cachait sa cuisine et qui donnait directement dans son salon. Elle se baissa pour prendre un vase sous l'évier et le remplit pour mettre les fleurs à l'intérieur.

Elle retourna dans le salon vers Paul et posa le vase sur la table basse avant d'aller se nicher près de son chéri. Elle l'enlaça tendrement et posa sa tête sur son épaule.

"Alors, pas trop fatigué ? Ca a été la fin de journée ?"

Constance avait pris le soin d'allumer quelques bougies sur la table, conférant à la pièce une ambiance relaxante et intime.

Les lèvres de Paul s'étirèrent en un fin sourire lorsque leurs lèvres se détachèrent l'une de l'autre et il cligna des yeux, se faisant à la pénombre de l'appartement réduit à de simples bougies. L'idéal pour s'endomir sans prévenir. Il la suivit à travers le studio et jeta un coup d'oeil aux alentours, correspondant bien aux origines de la jeune femme. De l'indien mêlé au français de la plus délicieuse des manières. Sans demander son reste, Paul se laissa tomber dans le premier fauteuil semblant confortable qui lui tendait les bras et l'observa mettre les tulipes dans un vase.

"Tes fleurs préférées? Ne me dis pas que tu as aussi du sang néerlandais dans tes veines ou je vais t'appelais Docteur Melting-Pot en plus de Miaou."

Il lui fit un clin d'oeil et poussa un souir d'aise en reposant sa tête en arrière.

"Ca a été cette fin de journée. Et toi?"

Il étouffa un baillement et se frotta les yeux, ayant mal à ceux-ci.

"Désolé. Je suis fatigué. J'ai froid aux yeux."

Ses batteries étaient à plat mais il voulait profiter pleinement de cette soirée en tête à tête avec son interne préférée.

Constance regarda Paul, amusée, et demanda

"Est-ce que tu vois des cheveux blonds ou du bleu dans mes yeux ? Alors non, je ne suis pas de là-bas. Contente-toi de m'appeler Dr Miaou, ça me va très bien." Constance finit par un joli sourire. Il n'y avait que lui qui avait le droit de l'appeler comme ça.

Paul avait l'air épuisé, le pauvre. Constance savait qu'elle n'aurait pas tout ce qu'elle désirait ce soir et elle tirait un trait de dessus bien volontiers pour qu'il puisse prendre un peu de repos.

Elle se mit sur Paul face à lui à califourchon et prit son visage en coupe et lui caressa les joues et les tempes. Elle s'approcha pour l'embrasser doucement et finit par poser sa tête sur son épaule.

"Ca a été. Tranquille. T'es épuisé mon pauvre chéri... Je vais être aux petits soins avec toi, tu vas voir."

Constance resta un moment immobile, bougeant au rythme des respirations de Paul. Elle était si bien ici, contre lui. Des jours qu'elle en rêvait, de l'avoir à elle, entièrement et sans avoir à se cacher des autres.

"Tu as faim ?" demanda-t-elle en se relevant légèrement et en l'embrassant dans le cou.

Paul sourit paresseusement à Constance et se passa la main sur son front :

"Tant mieux."

Son ex-femm était d'origine hollandaise, enfin son arrière grand-mère maternelle l'était. Du coup, il avit une mauvaise opinion de cette nationalité. Il poussa un profond soupir et se passa la main sur sa barbe.

"Hé, j'avais oublié! Tu me ramollis! Tu aurais vu comment une infirmière a osé me parler! Moi, le chef du service radiologie. Mais où est parti la classe aujourd'hui? Et le respect dans tout ça? J'ai envie de la faire virer..."

Il fit une moue. Ce n'était pas son service. Il observa Constance venir s'asseoir à califourchon sur lui, posant sa tête sur son épaule. Elle était légère comme une plume. Il croisa ses mains derrière ses fesses pour la maintenir en place et hocha la tête.

"Bien sûr que j'ai fai : ça fait 4 jours que je mange des sandwiches. T'as déjà dû remarqué mais je suis un glouton!"

Constance ne put s'empêcher de sourire quand Paul lui avoua qu'elle le ramolissait. Alors elle avait vraiment un effet sur lui ?

"Paul Loman découvrirait-il la gentillesse ?" elle plaisantait, bien sûr. Avec elle, il avait toujours été des plus gentlemen.

"Qu'est-ce qu'elle t'a dit, mon pauvre bichon ?" dit-elle avec une petite moue qui se voulait triste mais au fond d'elle, elle était très amusée par les propos de Paul.

Constance sentit les mains de son petit-ami sous ses fesses pour la soutenir et elle voulut rester comme ça pour l'éternité. Leurs deux corps imbriqués, l'un contre l'autre, sa tête posée sur son épaule, respirant son parfum à pleins poumons et bougeant au rythme de sa respiration.

"Un glouton ! Et... est-ce que..." Constance multiplia ses baisers dans son cou et continua "... le glouton... a faim de... sa proie de ce soir ?"

Elle en avait envie, comme jamais, quatre jours qu'elle attendait ça, et elle sentait son corps se réchauffer peu à peu. Mais Paul était fatigué et elle le comprenait. Fallait-il qu'elle mette un terme au réchauffement de tout son être avant qu'il n'atteigne une température qui en deviendrait presque indescente ?

Constance l'embrassait toujours et finit par s'arrêter, laissant la raison l'emporter sur le coeur et les réactions physiologiques de son corps.

"Passons à table alors."

Paul grimaça de dédain.

"Nan, faut pas pousser. Je t'assure, j'ai l'intention de redevenir la terreur de SGH...bon je l'ai toujours été, certes. Mais ça va être pire! Je ne suis pas un pion interchangeable, moi!"

Ses yeux s'étaient illuminés d'une étincelle menaçante et qui pouvait faire froid dans le dos lorsqu'on en était la cible. Une fois, on lui avait dit qu'il était un cafard : que quoi qu'on fasse, il était une vermine dont on arrivait pas à se débarrasser. Bon, d'accord, c'était sa femme qui avait dit ça pendant l'audience de divorce mais elle n'avait pas tort d'un certain côté. Les cafards étaient, quoi qu'on puisse en penser les êtres vivants les plus évolués et les plus complexes, bien davantage que les êtres humains. Il se secoua la tête.

"Je sais plus et je m'en fous, c'est qu'une insignifiante infirmière."

Un sourire se dessina en coin sur ses lèvres lorsqu'il releva les yeux vers Constance.

"Ce qui compte, c'est l'insignifiante interne que je tiens dans mes bas en cet instant précis."

Il lui fit un joyeux clin d'oeil et se leva quand elle proposa de passer à table. Il avait une faim de loup et ne pouvait faire quoi que ce soit avant d'avoir avaler une bonne plâtrée.

"Tu m'as préparé quoi de bon?"

Constance éclata de rire quand il demanda ce qu'elle avait préparé.

"Eh bien... disons que tu risques d'avoir encore faim après ça ! J'ai préparé une salade avec de la charcuterie et j'ai pris une baguette. Je peux te préparer autre chose si tu as si faim que ça..."

Constance se leva également et alla chercher le saladier dans la cusine Tout était prêt et elle ramena tout en même temps, l'assiette de charcuterie dans sa main gauche, le saladier dans la droite et la baguette sous le bras. Elle déposa tout sur la table et s'assit.

Elle avait faim, mais pas de nourriture. De Paul. L'avoir là devant elle et rien que pour elle, c'était plus que tentant.

Paul observa Constance se lever et la suivit pour s'installer à table. Il l'aida à installer le tout sur la table et éclata de rire :

"Non, ça ira. J'ai l'habitude."

Son ex femme refusait de lui mitonner de bons petits plats alors qu'il rentrait d'une garde de 36 heures sous le pretexte de la libération de la femme.

"Je mangerai tout et je te laisserai rien alors..."

Il lui sourit et lui fit un clin d'oeil avant de s'installer confortablement dans sa chaise. Il lui servit un verre avant de faire de même pour lui et commença à manger davantage de charcuterie que d'herbe à vache, à vrai dire.

"Bon apétit."

Constance lui sourit en niant de la tête.

"C'est pas une raison ! Il faut que tu manges ! Je t'assure que ça me gêne pas..." puis elle rigola à sa réponse.

"Ca ne me dérange pas, j'ai pas très faim. Je pourrai te regarder manger, ça me suffirait."

Elle s'accouda à la table et posa son menton sur ses poings en souriant à Paul. Quelle magnifique vue elle avait. Elle était vraiment sous son charme, son coeur battant la chamade dès qu'il se trouvait à moins d'un mètre d'elle.

"Bon appétit." dit-elle en buvant son verre. Elle piocha trois feuilles de salade et une tranche de jambon sec et les mangea rapidement avant de reposer ses couverts pour de bon.

Elle regarda Paul manger avec appétit et dit

"Tu peux manger tout le reste si ça te chante. Je n'en veux plus. Tu commences à quelle heure demain ?"

Paul lança un regard franchement amusé sur Constance et éclata de rire.

"Non, mais ça va t'ai dit. T'inquiète pas pour ça. Puis il y a toujours le dessert pour être complètement rassasié..."

Il haussa un sourcil subjectif avant de baisser le nez dans son assiette engloutissant la grande majorité des plats se trouvant sur la table, remarquant le peu d'apétit que sa compagne avait.

"Bah alors? Si tu maigris encore, va falloir te retirer un os."

Il lui fit un clin d'oeil et continua à manger quelques temps avant de décider d'être repu de charcuterie et de salade. Il but un grand verre d'eau pour apaiser sa soif et se reposa sur le dossier de sa chaise. Il l'observa pendant de longs instants, souriant légèrement. Elle était vraiment sublime. Il se rendait compte de la chance incroyable de l'avoir comme petite amie. Il n'aurait jamais cru être capturé dans ses filets. Ce n'était pas son genre et il n'était pas non plus le genre de Constance très certainement. Mais Cupidon était un petit joufflu aveugle qui ne maîtrisait pas son arc.

"C'était très bon."

Constance regarda Paul, adossée à sa chaise. Un petit sourire des plus coquins s'afficha sur son visage quand il parla de dessert. C'était ce dont elle avait le plus envie, et il lisait dans ses pensées, sans doute.

Puis sa blague sur le fait qu'elle avait peu mangé la fit rire légèrement mais elle fit une petite grimace en lui tirant la langue et demanda

"Comment ça "encore" ? J'ai pas maigri depuis qu'on est ensemble ! Attends, tu vois pas ce que je mange à midi, je passe pour une morfale à la cafète à chaque fois ! Et puis... ce soir..." Constance se pencha au dessus de la table et le regarda d'une manière sensuelle et espiègle "... je me garde pour le dessert... Ca sera plutôt mon plat de résistance à vrai dire."

Elle s'adossa à nouveau et recroisa ses bras sur son abdomen, puis rigola un peu quand il avoua que c'était très bon.

"C'était simplissime. Même toi tu peux le faire !" plaisanta-t-elle.

"Tu veux du fromage ou un yaourt ou autre chose ?" demanda-t-eille poliment en se levant pour débarasser la table.

Après s'être levée pour débarrasser la table, Constance éclata de rire quand Paul lui demanda s'il avait une tête à manger un yaourt.

"Bah... j'sais pas, c'est quoi une tête à manger des yaourts si c'est pas la tienne ?"

Elle prit les deux assiettes et se dirigea vers l'évier dans lequel elle posa la vaisselle. Puis elle sentit immédiatement les bras de Paul qui effleurèrent les siens et tout de suite après, les lèvres de son petit-ami dans son cou. Elle pencha légèrement la tête et sentit une vague de frissons la traverser. Elle ferma même les yeux quelques instants pour savourer ce moment qui avait été trop rare ces derniers jours. Elle pivota sur elle même pour faire face à Paul et leva les yeux dans les siens, se mordillant la lèvre inférieure malicieusement.

"Très bon choix. Mais... j'ai pas ! Va falloir que tu te contentes de ça..."

Là, Constance se mit sur la pointe des pieds en mettant ses mains sur les hanches de Paul pour garder son équilibre et elle l'embrassa langoureusement, puis plus intensément. Ses mains montèrent le long du torse de Paul et Constance prit son visage en coupe, sa main gauche passa derrière la tête de Paul et s'enfouit dans sa chevelure.
Un vrai délice... les baisers de Paul étaient les meilleurs auxquels elle avait goûté, sans conteste.