Jour 2 # après midi

Paul revint à nouveau dans son service et, se rendant compte qu'il avait terminé sa paperasse en retard, commença à prendre des patients. Le suivant était une octogénaire atteinte de la maladie d'Alzeihmer accompagnée d'un vieil homme, sembant fatigué mais qui refusait de la laisser seule malgré toutes les difficultées de cette maladie au quotidien. Paul leur sourit, compatissant et avec beaucoup de douceur, parvint à calmer la patiente qui ne voulait pas être séparée de son époux.

"Venez, on va juste voir ce qu'il ne va pas. Ca ne prendra que quelques minutes. Votre mari est juste à la porte. D'accord?"

Une fois qu'il fut parvenu à la calmer, il fut obligé de rester à ses côtés tandis que Florian faisait ses manipulations. Alors que la radio était en train d'être développée, il la raccompagna dehors et ses pleurs cessèrent en retrouvant son mari. Il salua de la tête ce dernier et la relevant, se figea en voyant Constance dans le couloir.

Constance qui avait passé quelques minutes dehors à manger, ou plutôt picorer son repas (chose qu'elle ne faisait jamais car l'appétit était toujours avec elle), retourna dans le service radio.
Elle avait passé tout son déjeuner à penser à elle et Loman. Elle stressait que tout ça ne fut qu'une erreur, que Loman l'ignorerait à présent, qu'elle devra peut etre quitter son internat avant la fin, ne supportant plus d'être aux côtés de Loman toute la journée... Tous les scénarios possibles, elle les avait imaginés.

Allez Constance, au boulot !

Elle se motivait en arrivant vers le service et elle aperçut Loman au loin, qui s'occupait de patients. Elle pressa son pas pour aller l'aider, les patients s'étaient accumulés.

Lorsqu'elle arriva près de Loman, elle lui sourit malgré tout et dit
"Pardon d'avoir été longue pour déjeuner. Je m'occupe des autres patients."
Constance frola Loman et elle sentit une vague de frissons la traverser. Elle ferma furtivement les yeux, appréciant ces moments, des moments qu'elle ne voulait absolument pas manquer.

Occupé avec sa patiente, Paul hocha la tête à la jeune femme et lui fit un signe pour lui signifier que tout allait bien. Il la laissa reprendre sa place et se rendit dans la salle à côté pour faire ses angiographies. Il enchaîna les patients et une fois qu'il les eut tous passé, il se rendit dans son bureau, rédigant les divers comptes rendus qu'il avait fait dans son dictaphone au préalable. Passionné par sontravail, il ne remarqua pas ue l'horloge tournait et bientôt il fut presque l'heure de partir. Constatant ceci, il remarqua qu'il n'avait pas pensé à Constance mais qu'une évidence s'imposa à lui. Sortant de son bureau, il se rendit dans la salle de radio où se trouvait son interne. Il lui fit signe de venir dans son bureau avec ses comptes rendus sans un mot et retourna l'y attendre.

Constance passa l'après midi avec ses patients en compagnie de Florian qu'elle trouva très sympathique et avec qui elle s'entendait bien. Elle pensa de temps en temps à ce qu'il s'était passé avec Loman et des conséquences que ça allait engendrer mais elle était tellement concentrée dans son travail que cette torture ne dura pas trop longtemps.

Quand Loman lui fit signe de venir le voir dans son bureau, Constance eut un coup de stress. Non pas à cause de ses comptes-rendus qu'elle pensait avoir bien fait, mais pour ce qu'il avait peut-être décidé de leur relation.

Et s'il faisait comme si de rien n'était ? Que pour lui c'était juste une passade ? Je suis encore la dernière des con***...

Son coeur battait fort dans sa poitrine et elle entra toute tremblante dans le bureau de Loman. Elle referma la porte derrière elle et s'approcha péniblement du bureau derrière lequel Loman était assis. Elle lui tendit ses comptes-rendus.
"Tenez Dr Loman."

Paul leva à peine les yeux sur Constance et tendit la main pour obtenir ses comptes rendus. Il les parcourut rapidement des yeux, les approuva et les signa avant de les lui tendre de nouveau. Il se leva alors et commença à faire les cents pas. Il ne savait comment aborder ça, quels mots employer, quels gestes faire. Poussant un soupir, se passant la main dans les cheveux, il finit par se poser devant la jeune interne et ouvrit la bouche pour mieux la refermer et s'éloigner d'elle. Il pousa un grognement énervé et décida de prendre le taureau par les cornes, peu importait le mal qui pouvait en résulter pour l'un.

"Docteur Miaou...ce qu'il s'est passé...ce n'est pas comme ça que ça doit se faire."

Il s'arrêta, expira et reprit:

"Donc je propose de tout oublier, tirer un trait et faire comme si de rien n'était."

Il cessa à nouveau de parler, la laissant digérer l'information et conclut en balbutiant:

"Je me demandais...si...vous vouliez...dîner avec moi ce soir...?"

Il délutit péniblement, attendant sa réponse, fébrile.

Constance était glacée et elle respirait à peine. Quand elle vit que Loman faisait comme si elle n'était pas là, ça n'arrangeait rien.

Elle reprit ses comptes rendus et commença à reculer pour sortir du bureau mais le comportement étrange de Loman la fit rester. Elle s'attendait à ce qu'il lui dise d'oublier ce qui s'était passé entre eux, chose qu'elle comprendrait, même si elle ne le souhaitait pas. Tout ce qu'elle voulait c'était être avec lui.

Elle fronça les sourcils, le coeur palpitant à se rompre.
Et voilà... à tous les coups, il va m'annoncer que c'était comme si rien ne s'était passé et qu'entre un chef et son interne, les relations sont...

Elle n'eut pas le temps de finir sa pensée qu'elle reçu un coup de poignard en plein coeur. Elle ferma douloureusement les yeux et les paroles de Loman résonnaient dans sa tête.
Tout oublier... tirer un trait... comme si de rien était...

Ses machoires se contractèrent et elle crut que le sol se dérobait sous ses pieds. Elle ne respirait plus. Elle avait envie de sortir et d'aller pleurer aux toilettes, en toute solitude. Elle qui d'habitude n'avait que faire des hommes, elle qui s'amusait bien avec eux, elle qui avait décidé de ne jamais avoir mal à cause d'eux... Voilà que tout cela était remis en question. Loman avait changé tout ça pour elle. Il était si spécial, si... "fait pour elle" comme disait Anna.

Prenant son courage à deux mains, Constance ouvrit la bouche pour répondre qu'elle était d'accord et qu'elle ferait comme si de rien n'était. Mais Loman ajouta quelque chose.
Quelque chose qui lui donna comme une bouffée d'air. Constance recommença à respirer normalement et son coeur s'emballa encore plus, en se décrispant. Elle se mordilla la lèvre inférieure et en souriant à Loman, elle répondit, joyeuse tout en essayer de se modérer
"Quelle heure ? Où ?"

A ce moment là, elle eut envie de le serrer dans ses bras mais se réfreina, s'il voulait tout recommencer, ce n'était pas la chose à faire.
Awwww c'est trop mignon... Il est romantique en plus ! Il aime quand les choses sont faites dans les règles de l'art...
Constance se pinçait les lèvres pour s'empêcher de hurler de joie.

Paul observait la réaction de Constance. Il avait peur qu'elle lui dise non et qu'il se prennen une belle veste pour ses hivers froids, voire même une canadienne avec doublure en vortex, mais sa réponse vint le contrarier dans ses plans hivernaux et il sentit son coeur battre à nouveau. Il pouvait enfin respirer de nouveau. Toutefois, il n'en laissa rien paraître. Il avait appris depuis longtemps comment cacher ses sentiments et les enfouir tout au fond de lui, même quand ils menaçaient de bouillir à la surface. Le seul signe de sa joie pure était l'éclat de ses yeux rendus un peu plus brillant qu'à l'habitude. Il hocha la tête et répliqua:

"Bien j'ai pensé que l'on pourrait peut être passr la soirée ensemble, danser quelque part. Et après nous pourrions nous poser dans un petit endroit tranquille. Et nous boirions un verre ou deux. Et ensuite j'irai tout gâché en disant quelque chose de stupide." plaisanta-t-il à moitié.

Il pencha légèrement la tête de côté et proposa:

"Un petit restaurant, une balade dans le parc, un tour chez Joe et je vous ramène chez vous. Ce soir vers 19h au Seattle Restaurant?"

Constance l'écoutait parler et elle ne put s'empêcher de rire quand il dit "Et ensuite j'irai tout gâché en disant quelque chose de stupide". Elle se sentait s'envoler tellement elle était heureuse. Et Loman était vraiment parfait pour elle. Son humour était irrésistible.

"Parfait !" répondit-elle. Et elle recula jusqu'à la porte, ne quittant pas Loman de ses yeux brillants. Elle se mordillait toujours la lèvre inférieure pour s'empêcher de hurler de joie. Elle trouva la poigné de la porte à tâton et l'ouvrit. Elle sortit toujours à reculons et dit avant de fermer la porte "A ce soir alors !"

Une fois la porte fermée, elle ne put s'empêcher de penser tout haut
"Yesssssss!!! Hiiiiiiiiii Constance tu vas passer une soirée génialissime!"
Puis elle se reprit, Florian l'observant amusé. Elle lui envoya un sourire gêné et elle le salua pour rentrer chez elle.

Paul ne put détacher son regard de la jeune femme tandis qu'elle s'éloignait à reculons, le fixant. Il n'vait qu'une envie à cet instant précis, la rattraper pour l'embrasser mais il refréna ses pulsions et se contenta d'un:

"A ce soir alors..."

Dès qu'elle eut fermé la porte derrière elle, il tourna sur lui même et sauta partout en dansant le jerk. Il se sentait stupide mais tellement heureux qu'il ne pouvait se contenir qu'ainsi. Après s'être épuisé, il se reprit et se changea. Avant de quitter son bureau, il éteignit son ordinateur et ferma son bureau derrière lui. Il fit le chemin avec Florian jusqu'au parking qui le regarda avec des yeu amusés, le cuisinant mais Paul tint bon et fit comme si de rien n'était. Il le salua et monta dans sa voiture pour repartir chez lui et se préparer pour la soirée qui l'attendait.